La charge mentale affecte-t-elle aussi les hommes ?

Temps de lecture : 7 min

L’homme d’aujourd’hui souffre lui aussi d’un mal moderne qui touche de nombreuses femmes : la charge mentale. Si la répartition des tâches progresse, la logistique et l’organisation du quotidien (tâches domestiques, enfants, etc.) restent majoritairement gérées par les mères. Qu’en pensent-les pères ? Pourquoi les hommes ont-ils l’impression d’avoir leur propre charge mentale ?  Voici nos conseils pour partager la charge mentale au sein de la famille… voire s’en débarrasser !

La charge mentale, c’est quoi ?

Déjà bien ancrée dans le langage courant, la définition a fait son apparition dans le dictionnaire français du Petit Larousse Illustré en 2020, on peut lire : “Poids psychologique que fait peser – plus particulièrement sur les femmes – la gestion de tâches domestiques et éducatives, engendrant une fatigue physique et, surtout, psychique”. Il était temps que le dictionnaire évolue avec son époque ! Car le concept ne date pas d’hier. Il a été introduit en 1984 par la sociologue du travail Monique Haicault, qui parlait alors de « charge mentale ménagère ». Expliquant que les femmes enduraient une double journée – l’une au travail le jour, l’autre à la maison le soir – elle précisait surtout que le travail domestique avait déjà été présent sous forme mentale tout au long de la journée. En 2017, la dessinatrice Emma a popularisé le terme dans sa BD « Fallait demander », largement relayée sur les réseaux sociaux, connaissant un succès immédiat. Mettant sous les projecteurs, les femmes, qui en plus des tâches ménagères ont à gérer toute la partie logistique du fonctionnement du foyer, la dessinatrice montre les hommes, ne s’appliquant aux tâches domestiques qu’à la demande de leur compagne.

Ainsi, la charge mentale, au sens large du terme, devient pesante lorsque le bon fonctionnement de la maison, de la famille, parfois même du couple repose sur une seule personne, qui a en tête en permanence, l’anticipation, l’organisation et la gestion des tâches.

Les femmes, plus touchées que les hommes par la charge mentale ?

La psychiatre Laure Azincourt rappelle que « la charge mentale est avant tout une charge cognitive, d’organisation, d’anticipation, de gestion ». Autrement dit, la charge mentale fait appel à nos compétences cognitives : la capacité du cerveau à être en interaction avec son environnement, à organiser sa pensée, à acquérir des connaissances… et surtout à anticiper ! Ces compétences sont à la portée de tous, femmes, hommes et même enfants ayant atteint l’âge de raison. Alors pourquoi, les femmes sont-elles plus touchées que les hommes ?

Malheureusement, les inégalités femmes-hommes en France sont persistantes. La part « invisible » du travail domestique dans un couple hétérosexuel, repose encore majoritairement sur la femme. D’après l’INSEE (étude 2015), les femmes effectuent près des deux tiers des tâches ménagères du foyer (71 %). Elles sont aussi 65 % à assurer les tâches d’éducation. L’Institut national d’études démographiques (INED) pointe d’ailleurs que les mères ont tendance à exercer les tâches routinières et quotidiennes, et les pères plutôt celles qu’ils peuvent aménager dans leur emploi du temps.

Un autre élément de réponse est à étudier du côté des catégories les plus « à risques ». Quel que soit leur genre, les personnes anxieuses, perfectionnistes et qui aiment tout contrôler sont plus impactées par la charge mentale. Pour les parents, l’arrivée des enfants est un déclencheur car ils sont dans l’improvisation permanente. Les personnes seules avec enfant(s), peuvent en souffrir encore plus, elles n’ont pas la possibilité de partager les tâches quotidiennes. Or près de 85 % des familles monoparentales en France sont des mères célibataires. Elles sont aussi majoritaires parmi les aidants familiaux (58 %), accompagnant au quotidien un proche en situation de dépendance, en raison de son âge, d’une maladie ou d’un handicap. La charge mentale augmente quand on a en charge les autres.

La charge mentale chez les hommes

Matthieu, papa de deux enfants de 5 et 8 ans, reconnaît vouloir partager la charge mentale avec sa femme mais les réflexes d’anticipation lui manquent. Etant rarement à la maison avant 20h, les tâches domestiques quotidiennes sont plus souvent prises en charge par sa femme. Elle gère aussi le « rush hour » quotidiennement (le tunnel “bain-dîner-coucher”).  Mais dès qu’il est présent à la maison, il participe à tout ! En revanche, même s’il contribue aux tâches, il n’est pas partie prenante de l’organisation domestique ou familiale, avoue-t-il. « Pour les repas, par exemple, je suis capable de préparer un repas équilibré à mes enfants, mais je ne suis pas dans l’anticipation. Je ne sais pas s’il manque des choses dans le frigo ou ce qu’il faut préparer pour le goûter du lendemain. Je suis aussi incapable de dire si les enfants manquent de vêtements à leur taille… d’ailleurs je crois que je ne connais ni leur poids ni leur pointure. Mais j’ai plaisir à les habiller le matin quand les vêtements sont préparés la veille ! ».

Conscient de l’importance de l’égalité femmes-hommes dans les sphères privée et professionnelle, les pères d’aujourd’hui sont de plus en plus impliqués dans le travail domestique. Mais il pèse sur eux un autre héritage, tout aussi archaïque que celui de la « bonne ménagère » chez les femmes : celui de subvenir aux besoins du foyer. Matthieu, ce papa actif de 2 enfants, craint toujours de perdre son travail et de ne plus être un pilier stable pour sa famille – alors même que les deux parents travaillent. Il est aussi plus souvent responsable des tâches administratives comme la gestion des factures, des assurances ou des impôts.

Si la charge mentale existe bien chez les hommes comme chez les femmes, la sphère privée s’immisce moins sur leur lieu de travail que chez les mères. Quand une femme pensera à prendre rendez-vous chez le dentiste pour sa fille pendant sa pause déjeuner, un homme tentera plutôt de caser son footing entre midi et deux. Dans son ouvrage « La Charge mentale des femmes… et celle des hommes » (Ed. Larousse 2018), la psychiatre Aurélia Schneider constate que les hommes souffrent moins de ce « perfectionnisme domestique » qui étouffe certaines femmes. La charge mentale des hommes s’exprime principalement par une forte anxiété face à l’avenir, au foyer, à leur carrière, surtout chez les pères, après l’arrivée d’un enfant.

Conseils pour résoudre le problème de la charge mentale

Pour résoudre un problème, il faut d’abord l’identifier. C’est pourquoi bien comprendre ce qu’est la charge mentale aide à évaluer son poids et son impact, à la fois pour vous-même et pour les autres. L’idée n’est pas de comparer votre charge mentale à celle de votre partenaire, de vos ami.e.s ou de vos parents avant vous ! Ni de distribuer des points, bons ou mauvais, mais plutôt d’analyser la situation globale, de façon objective, pour évaluer un éventuel déséquilibre.

Une fois l’analyse effectuée, les solutions existent. Que l’on soit un homme ou une femme, en couple ou séparé, la communication est la règle d’or. Partager ses émotions et ses besoins en toute bienveillance permet aux autres de mieux comprendre ce que vous ressentez, ce que vous vivez. C’est le premier pas vers l’entraide et la répartition des tâches. Parler de la logistique et de l’organisation n’est pas « glamour » mais en définissant les tâches de A à Z pour chaque personne de votre cercle familial ou aidant, chacun se sentira responsable de son domaine. Déléguer les tâches, c’est aussi savoir lâcher-prise sur leur exécution. La reconnaissance et la bienveillance encouragent les initiatives.

N’hésitez pas à vous appuyer sur des outils d’organisation comme l’application Share(d), qui permet de partager tout son quotidien (listes de courses, agenda, finance, documents, to do-list, etc.) avec un partenaire et d’autres membres de son entourage (nounou, grands-parents, etc.). L’appli Share(d) a été spécialement conçue pour simplifier l’organisation familiale et allégée la charge mentale des parents !

Au quotidien, des exercices aident à faire diminuer sa charge mentale, comme s’accorder quelques minutes de pause chaque jour, pour ralentir le rythme et canaliser son énergie. On peut aussi s’octroyer du temps libre pour penser à soi, se faire plaisir et recharger les batteries ! Autre exercice utile : la respiration. Par exemple, la respiration abdominale, facile à appliquer au quotidien est efficace pour faire diminuer le stress.

Enfin, l’enjeu à long terme, pour faire disparaitre la charge mentale ménagère est de déconstruire les croyances. Cela passe par l’éducation des enfants sur la parité… en commençant par traiter sur un plan d’égalité filles et garçons devant les tâches domestiques.

Publié par L’équipe Share(d)

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