La charge émotionnelle, c’est quoi ?

Temps de lecture : 4 min

Si son petit nom ne vous est pas familier, vous connaissez certainement ses symptômes : une tendance à anticiper les moindres envies et besoins de vos proches, tant sur le plan psychologique (« je t’ai préparé une tisane, tu avais l’air fatigué ») que sur le plan matériel (« je t’ai racheté des chaussettes, j’ai vu que les tiennes étaient trouées »). Bien souvent, cette charge émotionnelle est portée par les femmes, qui multiplient les attentions bienveillantes auprès de leurs familles, collègues, amis et bien sûr conjoint… quitte à parfois s’oublier elles-mêmes.

Charge émotionnelle ou charge affective : le poids des émotions

Aussi appelée « la charge affective », on doit sa définition à la sociologue américaine Arlie Russell Hochschild, qui définit cette notion dans les années 1980 par « l’habitude de se préoccuper du confort émotionnel des autres au détriment du sien ». On connait bien aujourd’hui la fameuse charge mentale, celle qui englobe tout ce qu’une femme ou un homme doit gérer au quotidien, devoir penser à tout, et surtout ne rien oublier ! La charge affective est son pendant émotionnel. Elle peut toucher tout le monde (même les enfants), à tout moment, aussi bien au bureau qu’à la maison, et impacte autant l’amitié que l’amour. Lorsque le « réservoir affectif » est surchargé, le risque de burnout émotionnel n’est pas loin. Pour Saverio Tomasella, psychologue, psychanalyste et co-auteur de « La charge affective » (Ed. Larousse), il s’agit de « la charge globale de tout ce qui se passe en nous et qui nous occupe », comme des pensées, des sentiments, des émotions, qui finissent par peser trop lourd sur le psychisme. Le poids émotionnel de la relation se trouve alors porté par une seule personne, le plus souvent, une femme. Au sein d’un couple, cela se traduit par la volonté de ne jamais froisser l’autre, d’anticiper à outrance les possibles émotions ressenties par sa moitié, etc. 

Les femmes, plus impliquées que les hommes ?

La dessinatrice Emma, après avoir mis en lumière la charge mentale dans ses BD, s’est attaquée à la charge émotionnelle dans un autre album, « La charge émotionnelle et autres trucs invisibles » (Ed. Massot). Avec humour, elle y invite les femmes à prendre conscience des injonctions sociétales et à faire évoluer les mentalités. Elle pointe notamment du doigt l’éducation genrée, qui aurait un impact important sur la sociabilisation des femmes et des hommes. Selon les recherches, on éduque traditionnellement les filles à être sensibles, à exprimer leurs sentiments, à être tournées vers les autres. Alors que la promotion de l’ambition, de la virilité ou de l’indépendance est souvent privilégiée dans l’éducation des garçons. Même si ces stéréotypes tendent à évoluer, les réflexes genrés sont encore bien ancrés et ont un impact visible à l’âge adulte. Lorsque les femmes, en particulier, consacrent trop d’énergie et de temps à anticiper le bien-être psychologique de leurs proches, la charge émotionnelle est disproportionnée. La dessinatrice milite pour que les hommes en prennent conscience aussi. Il ne s’agit pas de renier cette faculté à se soucier du bien-être d’autrui mais « il faut encourager les hommes à faire pareil » dit-elle. Apprenons aux petits garçons à mieux exprimer leurs sentiments et ils deviendront des adultes plus à l’écoute des autres.

Eviter la surchauffe d’émotions

La charge émotionnelle peut entraîner une souffrance à la fois physique (migraine, mal de dos), psychique (sentiment de grande fatigue) et morale (stress, anxiété). Pour s’en prémunir et éviter l’effet « cocotte-minute », il est important de reconnaître les signaux d’alerte et travailler sur ses ressorts intimes

  • Premier conseil : abandonner progressivement certains réflexes, comme sourire et rire tout le temps, même aux mauvaises blagues de collègues, ne rien dire dans une situation inconfortable face à un ami, prendre en charge la santé du conjoint ou encore anticiper son besoin vestimentaire avant que cela soit formulé ! 
  • Deuxième conseil : s’occuper de soi ! Quand on prend soin des autres en permanence, prendre soin de soi-même n’est plus si évident ! Se faire aider et soutenir par un professionnel est très utile pour prendre le recul nécessaire et modifier ses comportements. Charlotte Wils, coach-psychopraticienne et co-auteure de « La charge affective » (Ed. Larousse) recommande de faire une vraie pause : prendre le temps de souffler et écouter son intuition. S’accorder régulièrement un temps personnel, apprécier de se faire du bien sont des moyens efficaces pour éviter la surcharge émotionnelle. Méditation, marche dans la nature, lecture, musique, pratique sportive, … il existe mille et une méthodes, à chacun de trouver celle qui lui convient. 
  • Enfin, n’oubliez pas de parler ! Apprendre à mieux communiquer, échanger sur ses sentiments et ses émotions permet d’ouvrir un dialogue avec ses proches

Quel que soit l’environnement – personnel ou professionnel – l’idée est de mieux répartir cette charge émotionnelle, pour partager les enjeux, d’égal à égal.

Publié par L’équipe Share(d)

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