Que sont les VEO, les violences éducatives ordinaires ?

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Le développement des concepts éducatifs actuels, comme la parentalité bienveillante, a contribué à mettre en lumière les violences éducatives ordinaires, les VEO. Ce type de violence n’est pas nouveau. De quoi parle-t-on exactement ? Comment identifier les violences éducatives ordinaires ? Comment les éviter ?

Les violences éducatives ordinaires, c’est quoi ?

Les violences éducatives ordinaires sont définies comme des violences physiques, psychologiques ou verbales, utilisées envers les enfants à titre éducatif et communément admises, tolérées, voire encouragées. Autrement dit – et c’est là tout le problème – ce sont des paroles ou des actes violents mais justifiés quand on essaie de faire comprendre, apprendre ou retenir une leçon à l’enfant, de « l’éduquer ». Il s’agit d’une justification « pédagogique ». On qualifie d’ordinaire ces violences considérées comme banales, quotidiennes ou répétées, dans le cadre du foyer, de l’école ou d’autres lieux de vie des enfants. Fessées, claques, punitions, mais aussi humiliations verbales ou physiques, chantage affectif, la liste est tristement longue. L’ironie de l’histoire, c’est que toute forme de violence, même minime, n’a pas d’effet éducatif sur un enfant. Au contraire, cela produit de la crainte, de la méfiance, et engendre encore plus de violence.

La violence éducative ordinaire impose en réalité un rapport de force. Même si on considère qu’un parent a autorité sur son enfant, le principe d’égalité demeure. En France, le gouvernement a (enfin) inscrit les VEO dans la loi en 2019… soit 40 ans après la Suède ! Conscient de l’importance d’informer, de faire changer les mentalités et les comportements sur les violences éducatives ordinaires, le texte de loi rappelle que l’autorité parentale doit s’exercer sans recours à la violence.

Comment identifier les VEO ?

L’Observatoire de la violence éducative ordinaire (OVEO) publiait en 2019 les résultats d’une étude sur la prise de conscience de la VEO. En interrogeant plus de 2 000 personnes sensibilisées à la question, l’enquête démontre combien la perception de la violence est culturelle et surtout peut évoluer. 

Gifle, fessée, secouement, oreille tirée, tape sur la tête, au-delà de la maltraitance, tout type de châtiment corporel est une violence physique, y compris saisir brutalement ou bousculer, forcer un enfant à se tenir dans une position inconfortable, ou encore pincer et pousser. La violence psychologique ou émotionnelle se manifeste à travers des paroles humiliantes, dévalorisantes, blessantes, ou sous la forme de négligence par exemple. Menaces, privations, réprimandes à répétition dans le but de rabaisser, moquer ou punir, sont des formes de violences psychologiques et verbales. Il existe des violences d’ordre culturel qui bafouent le consentement de l’enfant (religion imposée, non-respect de son genre…) ou qui portent atteinte à son intégrité physique.

Quelle que soit la forme qu’il prend, tout comportement violent est nocif. Même les VEO dites « douces », en apparence anodines mais répétées, ont un impact terrible sur l’enfant.

Quels sont les impacts de la VEO ? 

La violence éducative ordinaire, qui voudrait « éduquer » l’enfant, produit généralement l’effet inverse. Raison de plus – s’il en fallait une ! – pour abandonner ce type de comportement. On sait aujourd’hui que la maltraitance émotionnelle répétée ou l’humiliation physique entraîne des conséquences sur le cerveau des enfants. Les émotions désagréables et les souffrances provoquent un stress élevé, néfaste pour le cerveau encore immature des jeunes enfants.

L’étude des neurosciences montre qu’un fort niveau de stress à répétition déclenche la sécrétion de cortisol. Cette hormone, lorsqu’elle est secrétée de façon prolongée est toxique pour les neurones et perturbante pour les structures cérébrales en développement chez l’enfant, y compris le bébé. La maltraitance émotionnelle sévère affecte le fonctionnement du cortex orbito-frontal, cette partie du cerveau jouant un rôle primordial dans la régulation des émotions et le développement des capacités cognitives (affection, empathie, sens moral, etc.). Une étude du chercheur coréen, Jeewook Choi, a démontré en 2009 que les paroles blessantes et humiliantes empêchent l’enfant de comprendre ce qu’on lui dit. On est loin de l’objectif éducatif.

Au-delà des impacts sur le cerveau, les enfants victimes de VEO développent de nombreuses pathologies comportementales ou psychiatriques : dépression, agressivité, conduite à risque, addictions à l’alcool, aux drogues, délinquance, etc. Les impacts des VEO sont considérables sur les enfants, ces adultes de demain.

Comment éviter les VEO ? 

Une situation qui dérape, une claque qui part, des paroles qui dépassent notre pensée…. en tant que parents, on a parfois du mal à gérer nos propres émotions. S’il vous arrive de crier de temps en temps et que vous en avez conscience et arrivez à vous excuser ou à en discuter avec votre enfant, la situation n’est pas grave. Comme l’explique Catherine Gueguen, pédiatre et spécialiste des neurosciences, dans son livre ”Pour une enfance heureuse”, nous pouvons mieux comprendre les enfants, leurs émotions et les meilleures façons d’y répondre, en connaissant nos limites et en étant bien informés sur les besoins et le développement des enfants. Prendre conscience de la relation adulte-enfant et des nombreuses formes de violence éducative ordinaire amène à réfléchir, pour faire évoluer notre parentalité.

En revanche, lorsque vous n’arrivez pas à vous empêcher de crier, que vous ne savez pas comment faire autrement, le problème est réel, surtout quand ce comportement est fréquent et régulier. Fatigue, stress, manque de temps, selon l’étude de l’OVEO, ces facteurs poussent les adultes à recourir à des pratiques violentes. De nombreuses familles considèrent encore la VEO comme un faux problème. Mais lorsqu’elle s’installe dans la durée, lorsqu’elle se répète, quand elle se perpétue de génération en génération, la VEO s’accentue et devient de la maltraitance

La loi française a entraîné des programmes d’aide à la parentalité, notamment dans les CAF, les PMI, ainsi qu’auprès des professionnels de la santé, de l‘éducation et de la petite enfance. Plus récemment, des campagnes de sensibilisation lancées par La Fondation de l’Enfance et l’association Stop VEO mettent en lumière auprès du grand public les violences éducatives que l’on a encore du mal à cerner en France. Des conseils et des informations aux jeunes parents sont accessibles sur la plateforme “1000 premiers jours”. Il est toujours possible de réfléchir à nos propres (mauvaises) habitudes, et surtout trouver d’autres méthodes éducatives, plus respectueuses des enfants et de leurs besoins.

Publié par L’équipe Share(d)

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