La parentalité positive : origines, avantages, déviances

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Livres, blogs, ateliers et conférences, depuis quelques années, on entend beaucoup parler de parentalité positive, ou encore d’éducation bienveillante, de communication non-violente ou d’éducation positive. Ces concepts placent le bien-être de l’enfant au cœur de l’apprentissage, à travers la compréhension de leurs besoins et de leurs émotions… mais donnent lieu à de nombreuses déclinaisons, préceptes et parfois dérives. D’où vient la parentalité positive ? Quels sont ses avantages et ses limites ?

Origines de l’éducation positive

L’intérêt pour la recherche d’une éducation basée sur le propre développement de l’enfant n’est pas si récent. Depuis le XIXème siècle, de nombreux médecins, psychologues ou pédagogues (à l’image de Maria Montessori, Alice Miller ou HaÏm Ginott – pour ne citer que les plus connus) se sont penchés sur la question, étudiant l’impact des principes éducatifs anciens, traditionnels ou religieux sur l’enfant ainsi que sur l’ensemble de la société. Les recherches proposent de remplacer les formes de violence éducative (notamment les fessées, les cris, le chantage, les menaces, etc.) par davantage d’écoute, de dialogue et de respect mutuel. Plus récemment, les études scientifiques sur le développement et le cerveau de l’enfant sont venues confirmer les théories pressenties : l’affection et la bienveillance sont essentielles à l’apprentissage et au développement chez l’enfant.

Comme le rappelle la psychiatre et anthropologue Claire MestreIl, « la parentalité positive s’est construite en réaction à la violence éducative, pour aider les parents à prendre de la distance vis-à-vis de modèles éducatifs violents qu’ils ont subis, et que la pression sociale et la culture leur enjoignaient jusqu’à présent de reproduire, et pour en protéger les enfants. Elle concerne les parents, les institutions et l’État. »[1] En effet, petit à petit, l’éducation des enfants, sujet autant public que personnel, se place au cœur des préoccupations des pouvoirs publics et des institutions. En 2006, le Conseil de l’Europe (qui réunit 47 états membres), publiait pour la première fois une recommandation incitant les états à favoriser la parentalité positive, c’est-à-dire les comportements parentaux respectant l’intérêt et les droits des enfants.

Définition(s) de la parentalité positive

Souvent critiquée, la parentalité positive est parfois assimilée à un dogme où l’enfant est roi. Mais c’est une mauvaise interprétation du concept. Il ne s’agit pas d’arrêter de punir ou d’interdire. Ni même d’arrêter de dire « non » ! Son principe : les parents accompagnent leurs enfants à développer leurs compétences sociales et émotionnelles avec bienveillance. C’est avant tout une posture basée sur le respect profond que l’on a pour son enfant en particulier, pour l’humain en général.

Le Conseil de l’Europe définit la parentalité positive comme l’ensemble des pratiques suivantes :

  • l’affection :  répondre aux besoins d’amour et d’affection des enfants,
  • la structure : instaurer des règles de vie et fixer des limites,
  • la reconnaissance : écouter et apprécier l’enfant en tant qu’individu à part entière,
  • l’autonomie : renforcer chez les enfants la confiance en eux,
  • la non-violence : exclure tout châtiment corporel ou psychologiquement humiliant,

En réalité, bon nombre d’entre nous appliquons déjà une parentalité positive sans même en avoir conscience.

Avantages de la pédagogie bienveillante

Loin d’être une recette miracle, la parentalité positive se base essentiellement sur la compréhension et la communication. En pratique, cela demande un effort d’apprentissage pour communiquer différemment (trouver des solutions « gagnant-gagnant », éviter les jugements, reconnaître les émotions, etc.) et poser un cadre clair fixant les règles à l’avance et adaptées à l’âge. Avec les bons outils et de meilleures connaissances sur les émotions, les besoins ou encore les stades de développement de l’enfant, la parentalité positive renforce :

  • le lien parent-enfant,
  • le respect et la confiance mutuels,
  • l’autonomie,
  • la coopération,
  • l’estime de soi.

Faire grandir ses enfants prend du temps. La relation parent-enfant se construit sur le long terme, pas seulement lors du « rush hour » quotidien (douche – devoirs – dîner – dodo). Impossible d’être toujours à l’écoute, toujours disponible… mais tant qu’il y a de l’amour et du respect, ce n’est pas grave !

Dérives de la parentalité positive

Suivre à la lettre les principes de l’éducation bienveillante au quotidien peut s’avérer (parfois) compliqué. Il n’est pas question de remettre en cause cette pédagogie. Mais l’application caricaturale des préceptes de la parentalité positive finit par désemparer les enfants et culpabiliser les parents… au risque de détourner la crédibilité du concept éducatif.

La parentalité positive encourage par exemple les adultes à recueillir le consentement de l’enfant quel que soit le contexte Or, à défaut de consentement, certains considèrent alors que l’adulte commet une violence éducative ordinaire. Si toute forme de VEO est bien sûr inacceptable, il faut cependant veiller à comprendre réellement ce que c’est. La violence éducative ordinaire induit un principe de répétition, de banalisation voire d’encouragement à des formes de violences physiques, verbales ou psychologiques. Un enfant qu’on tire brusquement par le bras pour lui éviter la collision avec le vélo qui vient de brûler le feu rouge, ce n’est pas une VEO. En revanche, si ce geste brutal est répété tous les jours et pour n’importe quelle raison, il devient un comportement violent.

S’il ne faut pas oublier que l’enfant, même bébé, reste l’égal d’un parent, enseignant ou autre adulte référent, il n’en reste pas moins un enfant qui n’a pas encore acquis les compétences vitales et sociales pour se débrouiller par lui-même, sans se mettre en danger. Il ne sait pas forcément ce qui est bon pour lui, n’a pas forcément conscience du risque. C’est la raison pour laquelle les enfants cherchent l’expérimentation et le jeu pour apprendre et comprendre. Mais pour que les enfants expérimentent sans danger, le rôle des adultes est de leur donner un cadre et des limites.

Au cœur de la réflexion, la pédagogie bienveillante veille à comprendre et répondre aux besoins de l’enfant. Encore faut-il distinguer besoins et désirs. Quand la confusion s’installe entre les besoins naturels et nécessaires, et les désirs éphémères et infinis, tout le monde y perd ses repères, à commencer par l’enfant lui-même.

Enfin, rappelons-nous qu’il n’y a pas de parent parfait, tout comme il n’y a pas d’éducation modèle ! Être parent – avec son lot de crises et de problèmes à gérer – c’est ajuster sans cesse nos comportements, accepter de faire des erreurs, initier des changements… mais toujours rechercher l’essentiel : le bonheur.


[1] Mestre Claire, « La parentalité positive, pour tous les enfants ! », Spirale, 2019/4 (N° 92), p. 172-176. DOI : 10.3917/spi.092.0172.

Publié par L’équipe Share(d)

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